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Improvisation spatiale

Christophe Lengelé edited this page Jul 2, 2023 · 36 revisions

De manière similaire au poète allemand Friedrich Hölderlin, je me permet de multiplier les ébauches et retravaille des création réalisées depuis longtemps. En opppostion aux compositions du monde acousmatique, j'accepte la forme inachevée. Je ne me sens plus obligé de terminer une création définitivement et ne le souhaite plus, comme la vie est une forme inachevée. Je peux ainsi laisser des fragments tels quels, tout simplement parce qu’il y a qqch de fragmenté, brisé dans ma perception, à l'instar de Friedrich Hölderlin.

L'improvisation est aussi une manière de créer et de détruire la création, à mesure que le temps passe, tout comme dans la vie, si elle n'est pas enregistrée (ce qui est un processus que je ne fais généralement pas ou sur lequel je ne me concentre pas). Peu d'artistes ont détruit ou effacé leurs propres créations. L'artiste plastique espagnol Joan Miró l'a fait avec ses toiles ou ses tapisseries brûlées. De même, au Collège des architectes de Catalogne, juste en dessous de la frise Picasso, Joan Miro jouait l'artiste de rue, en peignant sur toute la surface vitrée du bâtiment, et trois jours après, il procédait à la destruction publique de son œuvre.

Comme le dit Claude Como, artiste visuelle, réalisant notamment des tapisseries verticales sur de grands murs, via la technique du touffetage avec de la laine : « Je compose comme un peintre, sauf que je me suis libéré et suis sorti du chassis pour que la forme devienne libre. Du coup, elle peut proliférer sans cadre et sans limite. C’est à dire que ces formes vont s’assembler les unes aux autres et l’œuvre peut être interminable et constamment work-in-progress, constamment en développement. Elle est modifiée tout le temps et illimitée dans le temps. » De manière similaire, je me suis éloigné de la forme sonore statique acousmatique, pour sortir du cadre fixe spatio-temporel, figeant la forme de manière homogène indépendamment de l'espace et pour aller vers des formes d'improvisation électroniques plus libres, que je préfère aussi bien dans leur travail de création que dans leur présentation pour leur caractère plus instantané pouvant générer des surprises, non pas seulement du côté perceptif, mais aussi dans les événements créés. Je ne m'intéresse donc plus à la forme fixe, car elle ne me surprend plus ou moins. Comme le dit Claude Como : « Je cherche à être moi-même étonné de ce que cela peut produire. Il y a ce côté découverte, explorateur, c’est quelque chose, qui me plonge et réveille mon enfance et l’enfant qui est en moi, parce qu’il y a une fascination, un étonnement, une surprise. J’ai besoin de cette surprise. »

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Ayant tendance naturellement à trop me focaliser sur le lourd passé ou l'avenir qui se dérobe, j'ai choisi le temps réel pour mieux apprendre et appréhender la vie de l'instant et un certain bonheur. Comme le dit, Nietzsche dans Généalogie de la morale : « L'homme qui est incapable de s'asseoir au seuil de l'instant en oubliant tous les événements du passé, celui qui ne peut pas sans vertige et sans peur se dresser un instant tout debout comme une victoire, ne saura jamais ce qu'est un bonheur, et ce qui est pire, il ne fera jamais rien pour donner du bonheur aux autres. »

Cette remarque est typique d'un compositeur d'œuvre fixes, qui pense avant tout à l'œuvre finale et n'a aucune considération pour les simples outils, en utilisant n'importe lequel pour arriver à son objectif. Mais pour un improvisateur, la relation à l'outil, surtout quand il le developpe personnellement depuis des années et joue avec celui-ci, est tout aussi importante que l'œuvre finale, qui est en constante évolution for the improviser.

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